Entretien avec Marcel Gauchet publié dans Sciences Humaines, n°263, octobre 2014
Propos recueillis par Audrey Minart
Extrait
« Notre modèle éducatif butte sur le postulat, naïf, que laisser une plus grande liberté aux enfants en classe est synonyme d’efficacité. Si les élèves sont actifs, cela ne signifie pas qu’ils ont une appétence cognitive surdéveloppée. En dépit de toutes les méthodes mises en oeuvre pour les rendre actifs, la majorité des élèves restent passifs. »
Cette passivité en classe n’existait-elle pas avant ?
M.G. : Si, mais elle était moins visible du fait de l’encadrement très strict de l’emploi du temps scolaire, qui était la colonne vertébrale du système : « l’heure » de la dictée, du problème, etc. Lorsque vous tablez sur la démarche individuelle des élèves, la différence entre les enfants motivés et ceux qui le sont moins ressort à l’oeil nu, et de façon spectaculaire. Et que font les enseignants ? Pour intégrer les retardataires, ils vont d’eux-mêmes retrouver une pédagogie beaucoup plus classique, directive et transmissive. »