Le déclin, sous toutes ses formes
Le propos. « Histoire, politique, société », en exergue sur la couverture, nourrissent le menu de la revue « Le Débat » depuis sa fondation en mai 1980. Cet automne, côté histoire, à noter une interview de l’historien Jacques Sémelin, fondateur du site Internet massviolence.org. Celui-ci constate un fort intérêt du public pour la question du génocide, avec plusieurs centaines de milliers de connexions à l’actif du site depuis sa création en 2008. Le chercheur n’explique pas les grands massacres du XX e siècle, mais reconnaît avoir précisé sa définition du « passage à l’acte génocidaire » comme « processus mental ». La politique n’est pas en reste, dans ce numéro. Sommes-nous en mesure d’aider efficacement des sociétés dont les Etats sont en faillite à retrouver un fonctionnement normal ? Non, répond l’écrivain Alex de Waal, qui constate l’échec des entreprises actuelles de « state-building ». Pour le responsable humanitaire, ceci tient d’abord à la méconnaissance de ce qu’est la politique dans les sociétés que l’on prétend aider. Enfin, assistons-nous à un déclin des sciences humaines et sociales, interroge l’historien Krzysztof Pomian ? L’économie, entre autres, aurait barré l’avenir radieux qui était promis aux sciences humaines il y a quatre décennies, explique le « troisième homme » de la revue, conseiller de l’historien Pierre Nora et du philosophe Marcel Gauchet.
La limite. De l’analyse, encore de l’analyse, avec des sujets certes stimulants (« La France en faillite ? ») mais qui confirment ce « discours du déclin » souligné par le journaliste Serge Audier dans un article critique paru l’été dernier dans la revue de Marcel Gauchet. Un « déclinisme » patent dans l’article de Pierre Pascallon, « Le monde au bord du gouffre ? » et l’ensemble de points de vue qui lui est consacré. L’auteur d’un « Hier la crise, demain la guerre » paru cette année, s’attend à un conflit entre les Etats-Unis et la Chine. Cette dramatisation mène l’auteur « trop loin », pointe l’historien et démographe Emmanuel Todd.